L’industrie forestière néo-brunswickoise et les scientifiques accueillent favorablement les deux millions de dollars annoncés dans le budget du gouvernement provincial pour combattre la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Ils croient cependant qu’il faudra beaucoup plus de ressources financières pour éviter une épidémie qui pourrait défolier des millions d’hectares en Atlantique.

Un texte de Pierre-Alexandre Bolduc

Le directeur général de Forêt NB, Mike Légère, explique que cette contribution de la province était un engagement des libéraux de Brian Gallant en 2014. Des équipes de l’industrie, des scientifiques des deux paliers gouvernementaux et des chercheurs universitaires travaillent depuis trois ans sur une stratégie d’intervention précoce afin d’éviter une propagation de la tordeuse sur le territoire néo-brunswickois.

Cependant, ce projet appelé Partenariat pour une Forêt en Santé arrive à terme en 2018 et l’industrie souhaite que les efforts se poursuivent, car les prochaines années seront cruciales, selon Mike Légère.

Le directeur général de Forêt NB souhaite que la recherche se poursuive afin d'éviter une épidémie de la tordeuse partout en Atlantique.

Le directeur général de Forêt NB souhaite que la recherche se poursuive afin d’éviter une épidémie de la tordeuse partout en Atlantique.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE-ALEXANDRE BOLDUC

« La façon que ça fonctionne, c’est que comme n’importe quelle épidémie, ça commence lentement, mais ça grandit avec les années qui s’en viennent, lance-t-il. Donc au cours des quatre ou cinq prochaines années, ce sera vraiment la pire période d’épidémie pour la tordeuse. Ça fait que ça va prendre plus d’argent pour finir notre travail. »

L’industrie évalue que les coûts totaux pour éviter une épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette pourraient varier de 250 à 300 millions de dollars sur une période de 10 ans.

Si on fait rien dans la région de l’Atlantique, c’est un problème de 15 milliards de dollars en perte de contribution économique et 2000 pertes d’emplois pendant la durée de l’infestation de la tordeuse.

 Mike Légère, directeur général de Forêt NB

« Ça fait que quand tu compares les deux tu n’as pas besoin d’être [un génie] pour comprendre que 15 milliards de dollars et une solution de 300 millions de dollars, ça fait du bon sens. C’est un bon investissement », ajoute Mike Légère.

Il précise que l’industrie est prête à payer 10 % des coûts pour éviter une infestation.

Les scientifiques souhaitent continuer leurs travaux

L’été dernier, les scientifiques se sont employés à contrôler les populations de tordeuse déjà présentes dans les régions de Campbellton, Dalhousie et Balmoral. Ils ont fait de l’échantillonnage pour tenter de comprendre le comportement de la tordeuse.

Les équipes ne s’attendaient cependant pas à ce que l’insecte atteigne la région de Bathurst.

« On a trouvé que là où on n’avait pas de tordeuse que tout d’un coup on commence à trouver des larves hivernantes sur les branches. Alors le deux millions c’est quelque chose qui va nous permettre de continuer les projets de recherche et puis d’essayer de répondre à certaines questions qu’on aurait à cause de cette migration. »

Bernard Daigle de Service canadien des forêts travail sur le projet de recherche du Partenariat pour une Forêt en Santé depuis trois ans.

Bernard Daigle travaille sur le projet de recherche du Partenariat pour une Forêt en Santé depuis trois ans.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE-ALEXANDRE BOLDUC

Bernard Daigle explique que les résultats le printemps prochain pourraient surprendre les chercheurs et changer la donne.

Les femelles ont pondu des oeufs et puis on trouve présentement une hausse dans le nombre de larves hivernantes. Ça c’est des larves qui passent l’hiver sur les branches et puis le défi, c’est qu’on ne sait pas exactement qu’est-ce que ça veut dire quand ça vient au printemps prochain. Ces larves-là vont-elles survivre à l’hiver?

 Bernard Daigle, Service canadien des forêts

Bernard Daigle ajoute que la situation change d’année en année et que le cycle d’une épidémie s’étend sur 25 ans, ce qui explique que les scientifiques doivent continuer de faire de l’échantillonnage.

« Le Nouveau-Brunswick fait beaucoup d’échantillonnage. L’intensité est vraiment remarquable. Et puis ça nous donne un excellent aperçu des populations puis où sont les points chauds. Alors si on vise les points chauds on souhaite pouvoir affecter les populations et essayer d’éviter une épidémie comme on trouve présentement au Québec. »

Si la lutte dans les régions les plus touchées jusqu’à maintenant par la tordeuse a porté des fruits selon les scientifiques, la rapidité de la propagation de la bestiole pourrait compliquer leur travail.

Les régions de Campbellton, Dalhousie et Balmoral, au Nouveau-Brunswick sont des endroits déjà touchés par la tordeuse des bourgeons de l'épinette.

Les régions de Campbellton, Dalhousie et Balmoral, au Nouveau-Brunswick sont des endroits déjà touchés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

PHOTO : RADIO-CANADA

Le provincial attend maintenant l’aide du fédéral

Le ministre du Développement de l’énergie et des ressources, Rick Doucet explique qu’il est « essentiel de protéger la forêt, qui est la pierre angulaire de l’économie du Nouveau-Brunswick », et que le gouvernement est « impatient de recevoir des nouvelles de la contribution du gouvernement fédéral au partenariat, prévue pour le budget fédéral. »

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