par Drew Carleton, entomologiste, Direction de la gestion des forêts, ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick (MRN)

Si vous suivez les billets de nos scientifiques, il se peut que vous ayez vu les termes « lavage de branches » et « relevé L2 » en vous demandant de quoi il pouvait s’agir… Le lavage des branches porte bien son nom; c’est un processus par lequel les branches sont lavées dans une solution spéciale pour faire sortir les insectes non visibles qui peuvent s’y cacher. Cela nous permet de compter les insectes et d’avoir une idée des tendances générales dans les populations. Le lavage des branches est la méthode que nous utilisons pour le relevé L2 afin de déterminer les populations de tordeuse des bourgeons de l’épinette; les larves de deuxième stade proviennent des branches lavées, d’où le nom de relevé L2.

mai – juin                                             juillet                  août

3e stade 4e, 5e, 6e, stade     nymphe    papillon (adule)   œufs  1er stade  2e stade

Hiver – Hibernation, 2e stade

Image 1 : Cycle de vie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette

Voyons cela de plus près : tout commence sur les autoroutes et les chemins de campagne du Nouveau-Brunswick, où on peut apercevoir le personnel du MRN s’installer en bordure de la route 7 ou sur un chemin de terre menant à votre lieu de pêche préféré. Des branches sont prélevées dans un réseau de parcelles à différents endroits de la province. Chaque parcelle fournit une estimation des populations d’insectes dans cette région. Une équipe de deux personnes coupe des branches dans le couvert forestier moyen d’épinettes ou de sapins baumiers à l’aide d’un ébranchoir (voir l’image ci-dessous). L’ébranchoir nous permet d’atteindre des hauteurs de 20 m dans le couvert forestier d’arbres matures, où vit la tordeuse.

Image 2 : Ébranchage

Une fois les branches coupées (trois par parcelle), nous consignons l’essence, le lieu, la quantité de défoliation et la taille de la branche, puis nous mettons chaque branche dans un sac individuel. Les sacs sont envoyés à nos installations à Fredericton pour être traitées. À leur arrivée, les branches subissent un cycle de lavage; pour ce faire, la branche est coupée en petits segments qui sont placés dans de grands seaux remplis d’une solution conçue pour dégrader la toile[SB3]  tissée par les larves pour se protéger durant l’hiver. Le gîte que l’insecte se crée pour survivre durant l’hiver s’appelle un hibernaculum. Les branches restent dans le seau durant deux heures, où elles sont brassées de temps à autre, puis le contenu est passé dans un tamis et filtré (voir les images ci-dessous).

Image 3 : Branches lavées dans des seaux

Image 4 : Séparateur en entonnoir

Il en résulte une feuille de papier filtre rempli de lichens, de mousses et, dans certains cas, de petits insectes comme les larves de tordeuse des bourgeons de l’épinette. Le papier filtre est ensuite remis à nos spécialistes, qui sont formés pour identifier et différencier les larves d’insecte. Ces spécialistes passent à travers le contenu du filtre et comptent les tordeuses et consignent les résultats (voir les images ci-dessous). Le procédé est répété plus de 5 000 fois durant l’année, ce qui nous fournit les données nécessaires pour surveiller les populations de tordeuse des bourgeons de l’épinette.

Image 5 : Papier filtre

Image 6 : Examen au microscope