Lorsque les arbres vieillissent ou sont surannés, beaucoup deviennent plus sensibles aux insectes et aux maladies.

Selon une des principales hypothèses émises lors des premiers travaux réalisés au cours des années 1950 sur la tordeuse des bourgeons de l’épinette, les infestations augmentent à mesure que les arbres vieillissent, devenant ainsi une meilleure source de nourriture pour les larves (hypothèse de la « sylviculture »). On pensait alors que la qualité nutritionnelle croissante des arbres permettait aux populations d’augmenter plus rapidement, excédant ainsi la capacité des prédateurs à contrôler les populations de tordeuses.  On pensait également que la durée caractéristique d’un cycle d’infestation, c’est-à-dire 35 ans, correspondait à peu près à la période de maturation de 30 à 35 ans du sapin baumier et de l’épinette.

On a vivement débattu, au cours des 50 dernières années, du rapport entre la qualité nutritionnelle des arbres et les cycles de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. De manière générale cependant, l’accent est maintenant davantage mis sur l’influence des prédateurs. Nous pourrions acquérir des connaissances supplémentaires en étudiant l’évolution de la tordeuse sur les arbres-hôtes, notamment à mesure que les populations augmentent.

La dernière étape des expériences faites dans la région de Hornes Gulch, pendant la première semaine de juin, avait pour but d’essayer d’obtenir des données de base sur la qualité des arbres pour les larves de tordeuses. Ce type d’expérience consiste essentiellement à placer des larves élevées en laboratoire sur des branches et à les enfermer dans une cage en tissu maillé qui ressemble beaucoup à une taie d’oreiller. Cette cage nous permet d’écarter les ennemis naturels de la tordeuse et de faire en sorte que les larves restent sur les branches. En observant la survie de la tordeuse ainsi qu’en suivant sa croissance au cours de la saison, nous pouvons généralement évaluer les qualités nutritionnelles des arbres.  Si vous vous trouvez à passer dans la région, il se peut que vous remarquiez certaines de nos cages dans les arbres.

Nous retournons la semaine prochaine dans la région pour prélever des échantillons d’insectes, y compris la tordeuse. Nous devrions ainsi pouvoir mieux comprendre quels sont les prédateurs de la tordeuse des bourgeons de l’épinette et dans quelle mesure ces prédateurs attaquent aussi les autres insectes. Ces données sont essentielles, car il est possible que pulvériser des pesticides sur de faibles populations de tordeuses (c.-à-d. dans le cadre de la stratégie d’intervention précoce) puisse avoir des effets indésirables sur les prédateurs qui contribuent à maintenir les populations de tordeuses à un faible niveau.